Octobre Rose : quel retour au travail après un cancer ?
Après s’être battues contre la maladie, les personnes ayant souffert d’un cancer ou d’une maladie les ayant contraints à un long arrêt de travail, doivent souvent mener un second combat : celui de reprendre le cours de leur vie professionnelle. Un défi pour elles, comme pour les employeurs qui doivent apprendre à les accueillir de nouveau dans leurs équipes et leur redonner une juste place.
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La situation est tout aussi difficile pour les non-actifs, ceux que la maladie touche alors qu’ils sont sans emploi. Dans leur cas, seuls 30% des chômeurs retrouvent un emploi deux ans après le diagnostic, contre 43% pour les personnes qui n’ont pas connu la maladie.
Libérer la parole
Le retour à l’emploi est particulièrement anxiogène après une longue maladie. La personne redoute souvent de ne plus retrouver ses compétences, de n’être plus aussi performante qu’avant. Elle craint d’être un poids pour ses collègues, de subir la pression de son employeur ou de ne pas pouvoir accéder à un nouvel emploi. Beaucoup craignent également d’être tenus en marge d’un marché de l’emploi relativement insensible à ce genre de tourments.
C’est la raison pour laquelle Anne-Sophie Tuszynski a décidé de créer l’association Cancer@Work en 2012 après qu’elle ait elle-même subi un cancer du sein. Faisant le constat que cette maladie n’était pas prise en compte dans le monde du travail, elle a fondé cette association pour amener les entreprises à changer d’attitude envers les personnes ayant souffert d’un cancer. “Il y a beaucoup de clichés qui persistent concernant les personnes ayant été atteintes d’une maladie grave, comme le cancer, explique Nathalie Presson, notre but est de libérer la parole, d’établir un dialogue sain et bienveillant entre le salarié et l’entreprise.” C’est également la mission de l’association Entreprise et Cancer qui vise à favoriser le maintien en emploi des personnes ayant eu un cancer. “Si la personne sait qu’elle peut en parler en entreprise, cela favorise la reprise en activité. Le retour au travail implique la personne mais aussi son manager, ses collègues et l’attitude de l’entreprise en général", indique Nathalie Vallet-Renart, co-fondatrice de l’association Entreprise et Cancer.
Selon une étude menée par Cancer@Work, 8 personnes sur 10 n’osaient pas parler de leur maladie au travail en 2013. Aujourd’hui, cela concerne 1 personne sur 2. Un progrès important mais qui n’atténue pas pour autant le combat de ces associations : “Depuis la crise sanitaire, les dirigeants d’entreprises ont pris conscience de l’importance de prendre en compte les maladies graves, explique Nathalie Vallet-Renart, il y a plutôt de bonnes intentions de leur part, mais il y a encore beaucoup de maladresses. Nous, on intervient quand les entreprises veulent agir mais qu’elles ne savent pas comment faire”.
Reprendre sereinement le travail
La reprise du travail est un moment crucial dans le processus de guérison. C’est un retour à la vie sociale et professionnelle qui symbolise surtout un retour à la vie normale. C’est pourquoi il doit être préparé au plus tôt afin que la reprise se passe dans les meilleures conditions. “Nous invitons les personnes à prendre rendez-vous dès que possible avec le médecin du travail, mentionne Nathalie Vallet-Renart, c’est lui qui pourra dire si la personne est apte à reprendre ou pas et qui peut, selon les cas, prescrire un mi-temps thérapeutique ou recommander l’installation d’équipements spécifiques pour faciliter sa reprise.”
Pour Nathalie Vallet-Renart, l’important est de ne pas précipiter son retour, notamment en acceptant une charge de travail trop importante immédiatement. “Les personnes ont souvent du mal à mesurer leurs capacités énergétiques, explique-t-elle, les deux-trois premières semaines de reprise du travail sont très importantes, il faut veiller à ne pas s’épuiser trop rapidement et maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Il faut un retour en douceur”.
Pour les personnes en recherche d’emploi, Pôle Emploi collabore de concert avec la Ligue contre le cancer pour former dans chaque agence des référents à disposition des personnes ayant eu un cancer. La question de la période blanche sur le CV est un point particulièrement angoissant pour elles. “Avec notre association, nous essayons de faire prendre conscience aux anciens malades comme aux entreprises qu’une personne qui a combattu un cancer développe de nouvelles compétences comportementales : la détermination, la résilience, la patience, la positivité, l’humour…” souligne Nathalie Presson. Un propos qui était au cœur de leur campagne de sensibilisation de 2018 qui a imaginé une nouvelle expérience intitulée “Fighting Cancer” à ajouter sur son CV LinkedIn afin de changer le regard sur la maladie au travail.
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