RAE : reconnaître les compétences des personnes en situation de handicap
RAE pour Reconnaissance des Acquis de l’Expérience. C’est le dispositif qu’a imaginé l’association Différent et Compétent pour reconnaître l’expérience professionnelle des travailleurs handicapés. Créée il y a plus de vingt ans par quatre directeurs d’ESAT (Établissement et service d'aide par le travail), l’association a contribué à changer le regard sur le handicap.
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« L’association a été créée sur le constat suivant, explique Claire De Wailly, la nouvelle directrice de Différent et Compétent, il y a des travailleurs handicapés qui sont très compétents, certains ont notamment une vraie expertise sur des gestes manuels, mais aucune de ces compétences n’a été reconnue à sa juste valeur parce que leur handicap ne leur permet pas d’accéder aux titres de l’Éducation Nationale ». La RAE est donc imaginée comme un parcours qui dure entre six mois et un an au cours duquel les personnes en situation de handicap peuvent expliciter leurs compétences. Au terme de ce parcours, la personne présente les compétences acquises devant un jury qui les valorise grâce à la remise d’une attestation reconnue par le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Agriculture.
Un dispositif propice à l’épanouissement des personnes en situation de handicap
Aujourd’hui, ce sont plus de 23 000 personnes porteuses de handicaps dont les compétences ont été reconnues par ce dispositif. Les principaux bénéficiaires sont des jeunes mineurs en IME (institut médico-éducatif) et de jeunes adultes en ESAT, en IAE (Insertion par l’Activité Économique) ou en entreprise adaptée. « Nous avons mené plusieurs travaux de recherche pour mesurer l’impact de la RAE et il y a vraiment un avant et après, explique Claire De Wailly, avant ces personnes étaient uniquement reconnues pour leur handicap. Après une RAE, elles sont reconnues en tant que professionnelles, expertes d’une ou plusieurs compétences. C’est une reconnaissance sociale et la première étape de construction d’un parcours professionnel ».
Un parcours qui mènera certains à l’obtention d’un CAP voire d’un emploi partagé en milieu ordinaire, mais il ne faut pas s’y tromper, l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés reste faible (selon la Dares, seulement 4% de la population active). « Il est difficile de dire s’ils seront insérés professionnellement dans six mois ou cinq ans, précise Claire De Wailly, mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est qu’ils entrent dans une dynamique et que grâce à la RAE, ils prennent confiance en eux et entreprennent des projets comme passer son permis de conduire par exemple. Pour certains, c’est déjà formidable ».
Diagoriente : un outil pour comprendre la notion de compétence transversale
Une approche centrée sur la reconnaissance des compétences issues de l’expérience qui a mené naturellement l’association Différent et Compétent à croiser la route de Diagoriente.
La collaboration commence par une phase de test : pendant un an, des IME et des ESAT membres du réseau Différent et Compétent ont proposé à leurs bénéficiaires d’expérimenter la version « adaptée » de Diagoriente. « Ce qui leur a plu, c’est que nous proposons une approche simple qui passe par le jeu (jeux vidéo, jeux de cartes), raconte Pascal Chaumette, cela permet d’aller tout doucement vers une compréhension de ce qu’est une compétence et de l’identifier dans une situation de travail ». Une première étape concluante pour la directrice de l’association qui voit en ce partenariat l’occasion d’avoir accès à un outil qui permet aux accompagnés comme aux accompagnants d’identifier les compétences transversales. « Avec son positionnement sur le référentiel Rectec, Diagoriente permet d’avoir une cartographie des compétences transversales qui ne sont pas toujours faciles à appréhender, et pourtant elles sont essentielles dans un parcours inclusif », commente Claire de Wailly.
Un partenariat prometteur dont Pascal Chaumette entrevoit déjà la suite : « La prochaine étape, c’est de lier des compétences transversales plus finement à des compétences techniques en situation. L’idée, c’est d’être plus proche des compétences attendues dans des niveaux de certification. Le fait de les lier au geste technique renforce la situation professionnelle telle qu’elle est déclarée dans le dossier de RAE et ça met vraiment en lien avec des prérequis de certification ».
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